Quelle est l'implication nécessaire ?
En tant qu'enseignant de musique, j’ai souvent été confronté à ces questions: Quelle quantité de travail hebdomadaire mon enfant doit-il fournir ? Est-ce vraiment nécessaire de le faire travailler à la maison? Parfois, certains parents portent une grande importance à la progression de leur enfant. Pour d’autres, à l’opposé, les cours de musique sont avant tout pour l’enfant une occasion de s’épanouir et de découvrir. Il n’est alors pas question pour les parents d’imposer du travail à la maison, l’élan devant venir de l’élève lui-même.
Pour répondre à ces questions, je dirais que plusieurs facteurs sont à prendre en compte, le premier étant l’âge de l’enfant. Pour mes plus jeunes élèves, ayant entre 5 et 8 ans, l’accent est mis sur le jeu et la découverte. L’apprentissage doit absolument être ludique et les notions théoriques ne sont introduites qu’avec parcimonie, à un rythme dicté par les élèves. Qu’il s’agisse de cours de batterie, de cours de piano, de cours de guitare, de cours de chant ou de tout autre instrument, ce principe demeure permanent, au-delà des subtiles différences que l’on peut trouver entre les processus d’apprentissage de ces différents instruments.
A ce stade, j’introduis pour ma part une petite quantité de devoirs, qui ont pour but de donner l’impulsion et de mettre l’élève en situation d’avoir quelque chose à faire à la maison. Ainsi, il à l’occasion de s’impliquer, accompagné de ses parents. Ces devoirs restent toujours facultatifs et le bon déroulement du cours ne dépend pas de leur réalisation.
Inscrire son enfant dans un cours semi-privé, de 2 ou 3 élèves, en fonction de l’instrument, est un atout majeur pour favoriser le côté joueur, car ne dit-on pas “plus on est de fous, plus on rit”? Le plaisir du jeu prime donc ici, sans autres conditions. Ce sera un peu différent à un niveau plus élevé, comme je le décris ci-dessous.
A partir d’un âge un peu plus avancé, dès 7 ou 8 ans, j’ai pu observer un changement notable chez la plupart de mes élèves: à ce stade, ils ont envie de jouer sur des musiques qu’ils connaissent et ils ont besoin que ça bouge! Il doit régulièrement y avoir du neuf. Une plus grande dynamique dans les cours est alors bienvenue pour ces enfants, qui ont désormais plaisir à avancer et à progresser, ayant la conscience du travail accompli.
Maintenant, il est important de distinguer l’apprentissage de la musique de celui d’autres disciplines artistiques, car elle est en effet plus exigeante. Quelqu’un qui suit des cours de peinture ou de poterie peut se contenter d’aller à son cours hebdomadaire et y prendre immédiatement du plaisir, sans pour autant devoir travailler à la maison, l’aspect créatif étant immédiatement accessible.
Difficile, en revanche, de prendre du plaisir à jouer sur un violon avant d’y avoir consacré un certain temps d’apprentissage… Cela demandera du travail et de la patience, avant que l’élève puisse enfin sentir cette liberté de jouer, puis d’improviser et, pourquoi pas, de créer. Avant cela, il passera par une phase d’apprentissage, durant laquelle il lui sera difficile de faire autre chose que les exercices qui lui ont été appris. De même, un débutant qui reçoit sa première batterie à la maison et qui ne progresse pas se lassera vite de frapper au hasard.
Si un élève ne travaille pas son instrument, l’intérêt va en effet progressivement s’amenuiser et, en parallèle, le découragement peut apparaître. Dans cette situation, les cours aussi deviennent répétitifs, la progression d’un élève qui ne travaille pas à la maison étant généralement très lente. Dans ces conditions, la pratique devient vite rébarbative, l’apprentissage de l’instrument s’avère pénible et l’élève finit par s’arrêter.
En réponse à cela, j’encourage les parents à mettre en place des périodes de travail à la maison, ce qui m’a permis d’observer des résultats exceptionnels! Il suffit de peu: 2 à 3 fois 10 minutes par semaine suffisent amplement, durant les premières années. Il s’agit, bien entendu, de trouver le bon équilibre, d’encourager l’enfant à travailler à la maison, sans que cela ne devienne une corvée. Dès lors, les bienfaits sont multiples.
Premièrement, l’élève progresse ainsi rapidement et voit ses exercices et ses morceaux varier beaucoup plus. Les cours deviennent plus dynamiques, soit moins répétitifs. Deuxièmement, l’élève qui constate sa progression en tire satisfaction et motivation pour aller plus loin.
Après plusieurs années d’expérience avec cette approche, j’ai eu beaucoup de témoignages de parents venant me rapporter que leur enfant, souvent dès la 2e année de pratique, jouait et faisait ses devoirs désormais spontanément, tout en y prenant du plaisir. Il n’était alors plus nécessaire de le lui rappeler. Beaucoup d’enfants ont besoin d’un petit coup de pouce au début; procéder ainsi permet de leur démontrer qu’ils sont capables de progresser, ils prennent alors confiance en eux, ce qui est un point essentiel.
Lorsqu’une telle dynamique est mise en place, je favorise les cours semi-privés, car ceux-ci offrent de nombreux avantages. Il est cependant impératif, afin de garantir la qualité des cours à 2 ou 3, que les élèves s’inscrivent dans une dynamique de progression plus ou moins semblable. Il doivent progresser ensemble, d’où l’importance du travail à la maison (voir notre article sur les différences entre cours privés et semi-privés).
Au vu de ce qui précède, je pense personnellement que d’encourager l’enfant à travailler à la maison a du sens. Ceci jusqu’à l’adolescence, période de responsabilisation pour l’élève, ce qui rend les choses différentes.
Mais, bien sûr, l’approche et la méthode sont à adapter au cas par cas. Il peut arriver, dans différentes situations, qu’un élève puisse prendre du plaisir avec des cours de musique, sans pour autant vouloir ou pouvoir travailler à la maison. Dans ce genre de cas, les cours sont plus personnalisés et l’approche semi-privée - par groupe de 2 ou 3 élèves - ne convient plus.
En résumé, il n’y a pas une seule bonne réponse à toutes les situations. Chaque élève est différent et il me semble essentiel de prendre en compte l’âge, le niveau, la personnalité et les envies de chaque apprenant, afin de déterminer avec les parents la bonne dynamique à donner à son apprentissage de la musique.
Apprendre la musique avec Apolline, c’est avant tout apprendre selon ses envies et ses caractéristiques propres. Seulement ainsi fleuriront motivation et confiance en soi, moteurs essentiels à l’apprentissage de la musique.
Alfred
Enseignant de batterie chez Apolline